Bâtie en 1832, la Maison Charbonneau fut témoin des débuts de la colonisation aux abords de la rivière du Nord. Cette belle maison de pierres se situe à l’endroit qu’on sur nomme La Chapelle (à l’angle de l’autoroute des Laurentides et de la route 158), berceau de Saint-Jérôme.

Pour la plupart des Jérômiens, la maison Charbonneau était peu ou pas connue, jusqu’en décembre 1979 où un glissement de terrain entraîna dans la rivière du Nord une maison ainsi qu’une partie de la rue Lachapelle située à Mirabel. La maison Charbonneau, située juste à côté, l’avait échappé de justesse mais sa situation n’en restait pas moins précaire sur ce terrain instable. Le ministère des Travaux publics du Canada décida donc de faire évacuer les locataires. La maison étant située en territoire exproprié (zone aéroportuaire de Mirabel), elle appartenait au gouvernement fédéral.
La solution la moins coûteuse consistait à faire démolir la maison car la déplacer ou consolider le terrain aurait entraîné des coûts très élevés. La Société d’histoire ayant eu vent des intentions du gouvernement fédéral décida d’intervenir. Des recherches historiques sur la maison, effectuées par l’historien local Mario Nadon, membre de la Société d’histoire, furent confiées à Réjean Paquin, alors président de la Société d’histoire de la Rivière-du-Nord. Une demande de sursis quant à la démolition de la maison fut aussi adressée au ministère des Travaux publics.
Le temps pressait, il fallait agir rapidement. La nouvelle société d’histoire se trouvait directement interpellée dans ce dossier en vertu de sa mission qui consistait, entre autres, à la sauvegarde du patrimoine bâti.
Demande de classement
La Société d’histoire adressa une demande officielle de classement comme monument historique à la Commission des lieux et monuments historiques du Québec, À la suite de l’étude du dossier par le Comité de sélection, la demande fut transmise au ministère des Travaux publics du Canada.
Des appuis pour la sauvegarde
La Société d’histoire multiplia ses démarches auprès des différents paliers de gouvernement afin de solliciter leur implication dans ce dossier.
- Solange Chaput-Rolland, la députée du comté de Prévost, communiqua avec le ministre des Affaires culturelles de l’époque, Denis Vaugeois, pour lui signifier son appui à la Société d’histoire.
- Maurice Dupras, député du comté de Labelle, essaya de convaincre le ministre des Travaux publics de la véracité des propos de la Société d’histoire concernant l’importance historique et patrimoniale de cette maison.
- La Fédération des sociétés d’histoire du Québec confirma son appui à la Société d’histoire dans une lettre transmise à tous les intervenants politiques impliqués dans ce dossier.
- La municipalité de Mirabel où se trouvait la maison a aussi manifesté son appui à la Société d’histoire en adoptant une résolution dans laquelle elle demandait au Ministère des Travaux publics de réviser sa décision de démolir ladite maison historique et demanda à ce qu’elle soit relocalisée à un endroit plus sûr.
Compte tenu de sa valeur patrimoniale et des pressions des groupes locaux en faveur de sa préservation, le ministère des Travaux publics a opta pour le déplacement de la maison.
Une belle victoire
Pendant plus d’un an, les démarches acharnées de la Société d’histoire permirent de repousser constamment l’échéance de la démolition. Ce fut en mars 1980 que la maison Charbonneau, bâtiment en pierres de 230 tonnes, fut finalement déplacée à 250 pieds de son site original, la mettant ainsi à l’abri d’un éventuel glissement de terrain. Cette opération nécessita un investissement de plus de 100 000 $ de la part du gouvernement fédéral. La maison étant désormais sauvée du pic des démolisseurs, la Société d’histoire devait maintenant s’assurer de sa mise en valeur. Ce sera la nouvelle Société immobilière du Canada, qui prendra la succession du ministère des Travaux publics, qui aura à déterminer la vocation de la Maison Charbonneau.
L’Association touristique des Laurentides (ATL) manifesta alors son intérêt pour installer ses bureaux dans la Maison Charbonneau, désirant s’en servir comme Maison régionale du tourisme. Ayant obtenu l’accord de principe de la Société immobilière du Canada à Mirabel en 1984, la Maison Charbonneau fut cédée officiellement à l’ATL pour un dollar.
Dans le cadre d’un projet Katimavik initié par la Société immobilière du Canada, afin de mettre en valeur la Maison Charbonneau, trois groupes de 12 jeunes Canadiens travaillèrent sur le projet de rénovation de la maison et ce pendant une période de 40 semaines.
L’histoire et la culture sous un même toit
Le 26 juin 1984 on procédait à l’inauguration de la Maison du Tourisme des Laurentides, première maison du tourisme au Québec. Quatre années de travail de la part de l’ATL parvenaient à leur aboutissement. Ce projet aura nécessité un investissement d’environ 400 000 $.

L’ancienne Maison Charbonneau sert actuellement de centre d’accueil, d’information et de réservation pour les visiteurs des Laurentides. La nouvelle partie (l’annexe) loge les bureaux de l’ATL.
La Maison du Tourisme c’est également la rencontre de l’histoire et de la culture réunies à la Maison Charbonneau puisqu’elle fait partie du patrimoine régional et que son avenir est maintenant assuré.
Source: Société d’Histoire de la Rivière du Nord