La maison Brignon dit Lapierre se trouve dans l’arrondissement de Montréal-Nord au 4251, boulevard Gouin Est, sur le lot 1 412 318 du cadastre du Québec.
À l’origine, l’emplacement de la maison Brignon dit Lapierre fait partie d’une plus grande terre, mesurant quatre arpents de front sur la rivière des Prairies sur 40 arpents de profondeur, que les seigneurs de l’île de Montréal octroient le 19 juillet 1722 à Pierre Léger dit Parisien. Ce dernier acquiert une autre terre adjacente de la même largeur quatre mois plus tard. S’étant établi au lac des Deux-Montagnes en 1730, il vend le tout – huit arpents de front sur 40 arpents de profondeur – aux frères Charron. Ceux-ci semblent avoir partagé la propriété en des portions d’environ deux arpents de front. Charles Charron conserve la possession de sa part pendant 12 ans mais il y effectue peu d’améliorations. En 1742, lorsque Charles Guilbault s’en porte acquéreur, la terre consiste en « toutes les terres labourable[s], bois de bout et abaty, circonstances et dépendances sans aucun bâtiment sur icelle ». En clair, Une terre labourable sans aucune construction.
Une première maison est construite sur le site actuel de la maison Brignon dit Lapierre dans les années 1740 probablement par le maître maçon Charles Guilbault, propriétaire de la terre depuis 1742. Cette résidence est en mauvais état lorsque son fils Pierre Guilbault, aussi maçon, acquiert la ferme familiale vingt ans plus tard, après le décès de son père.
Il est probable que Pierre Guilbault construise la nouvelle résidence en pierre dans les mois suivants son acquisition de la propriété paternelle et son mariage avec Marie-Marguerite Labelle en août 1762. Labelle décède au début de 1766 après avoir donné naissance à deux enfants. La période trouble qui s’en suit est peu propice à la construction d’une maison causant son lot d’imprévus et de dérangements. Guilbault épouse en secondes noces Marie-Angélique Dalpé dit Parizeau deux ans plus tard, en janvier 1768. Il est aussi vraisemblable que pendant leur mariage, qui durera huit ans et duquel naîtra au moins cinq enfants, Guilbault ait bâti la nouvelle maison pour loger sa famille grandissante.
Sa construction possède les principales caractéristiques des maisons de ferme qu’on retrouve sur l’île de Montréal au XVIIIe siècle notamment en ce qui concerne son corps de bâtiment rectangulaire, son toit à deux versants et ses cheminées localisées dans les murs-pignons.
Le 26 novembre 1792, à l’âge de 55 ans, Pierre Guilbault se marie en troisièmes noces avec Marie-Anne Rochon, veuve de Jacques Labelle. Le couple n’aura aucun enfant. Quatorze ans plus tard, Guilbault planifie sa retraite. En juillet 1806, ses fils Jean-Charles et Joseph, nés de son mariage avec Marie-Angélique Dalpé dit Parizeau, lui vendent leurs parts dans la succession de leur mère. Le même jour, il vend la terre paternelle à Ambroise Cazal, cultivateur du Sault-au-Récollet, pour 4500 livres anciens.
En 1814, Luc Brignon dit Lapierre obtient la terre, la maison et les bâtiments de ferme par donation des mains d’Ambroise Cazal qui cherche, de cette manière, à assurer sa retraite. Brignon exploite la terre devenue sienne et, en échange, il laisse Cazal et son épouse occuper la moitié ouest de la maison tout en leur fournissant les denrées nécessaires à leur subsistance. Des modifications intérieures et extérieures sont par ailleurs apportées à la maison pour y permettre la cohabitation de deux ménages, notamment l’ouverture d’une seconde porte d’entrée. Peut-être au même moment, la façade de la maison est reconstruite en pierre de taille.
La propriété est à nouveau transmise par donation en 1847 au fils de Luc Brignon dit Lapierre, Pierre, puis en 1894 à ses petits-fils, Alfred et Alphonse.
Sous l’impact de l’urbanisation du secteur qui se manifeste notamment par l’ouverture d’une ligne de tramway et du boulevard Pie IX, la terre des Brignon dit Lapierre est lotie par des promoteurs immobiliers en 1913. La maison, dont le terrain englobe trois parcelles du lot original, est adaptée aux besoins de son nouveau propriétaire. Une adjonction est construite du côté est et deux lucarnes continues permettent un meilleur éclairage des combles.
Un chemin du roi, l’actuel boulevard Gouin, desservait depuis 1720 les habitations longeant la rivière des Prairies et divisait les terres en deux parties. Ainsi, la plus petite portion de la terre numéro 1111, de figure irrégulière, se trouvait au nord du chemin. On y trouvait les bâtiments de la ferme qui occupaient une étroite bande de terrain bordant le chemin. Au nord de cette lisière, le terrain déclinait précipitamment vers une terrasse environ 7 mètres plus bas en bordure de la rivière. La plus grande superficie de la ferme se trouvait au sud du chemin. Le tout est identifié comme le lot 61 lors de la confection du cadastre de la paroisse du Sault-au-Récollet dans les années 1870.
La propriété restera entre les mains des Brignon dit Lapierre pendant trois générations, jusqu’en 1912. Sous l’impact de l’urbanisation du secteur qui se manifeste notamment par l’ouverture
d’une ligne de tramway et du boulevard Pie IX, la terre des Brignon dit Lapierre est lotie par des promoteurs immobiliers en 1913. La maison, dont le terrain englobe trois parcelles du lot original, est adaptée aux besoins de son nouveau propriétaire. Une adjonction est construite du côté est et deux lucarnes continues permettent un meilleur éclairage des combles. Acquise par la Ville de Montréal-Nord en 1987, la maison devient le site d’une exposition sur l’histoire locale pour le 75e anniversaire de la municipalité trois ans plus tard, puis reste vacante.
En 2007, la maison Brignon-dit-Lapierre est citée immeuble patrimonial par la Ville de Montréal, à la suite d’une demande présentée par la Société d’histoire et de généalogie de Montréal-Nord. En 2009, la nouvelle Ville de Montréal confie la restauration de la maison à Beaupré et Michaud, architectes. Les plans et devis portent principalement sur la restauration de l’enveloppe de maçonnerie porteuse et de la charpente de bois, sur la réfection des portes et fenêtres et des toitures à la canadienne, sur l’ajout d’escaliers et de salles de toilette adaptées. Sa restauration a été réalisée grâce aux contributions du gouvernement du Québec et de la Ville de Montréal.
Travaux de restauration confiés à Beaupré et Michaud Architectes, maçonnerie effectués par A. Blanchette Maçonnerie.
Le bâtiment a maintenant une vocation culturelle et on y présente des spectacles variés.
Sources:
Étude historique de la maison Brignon-Lapierre, 4251, boulevard Gouin Est ; par Alan M. Stewart et Valérie D’Amour ; 2006. – disponible en ligne: http://ville.montreal.qc.ca/pls/portal/docs/page/cons_pat_mtl_fr/media/documents/etude_historique_29_11_2006.pdf
BMA Architectes: http://bmaarchitectes.com
A. Blanchette Maçonnerie: http://www.ablanchettemaconnerie.com